Il Suffira d'Un Signe : l'Histoire

Discussions autour de Jean-Jacques Goldman
JJGérôme
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Il Suffira d'Un Signe : l'Histoire

Message par JJGérôme »

Histoire de faire revivre ce forum, de ressortir les archives et que certains puissent en découvrir, j’ai eu l’idée de faire ce sujet sur cette chanson qui a lancé JJG, en 1981-82. Je pense qu’elle mérite un post rien que pour elle, malgré les imperfections de mes recherches qui pourront être corrigées et améliorées par vous tous.

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JJG est loin d’avoir une maigre expérience en ce début des années 80. Depuis 1975, il a à son actif 3 albums avec Taï Phong (plus 5 singles indépendants dont un resté inédit, et un maxi), et, en solo, 5 autres singles : 3 sous son propre nom et 2 sous des pseudonymes (Sweet Memories et First Prayer).

La dissolution de Taï Phong semble lui faire envisager une carrière de faiseur de chansons (il préfère dire songwriter) et si l’une d’entre elles sera très vite remarquée par Marc Lumbroso (1), JJG va finalement être amené à changer son fusil d’épaule. Parfait inconnu malgré son expérience, il se laisse convaincre de produire une bande démo qu’il enregistré chez lui, dans sa cave ; à la charge de Marc Lumbroso et de Jean Mareska, l’ancien directeur artistique de Taï Phong, de démarcher les maisons de disques (2). Ce sera tout sauf facile mais cela finira par payer courant 1981, avec la signature d’un contrat d’enregistrement pour 5 albums chez le label Epic (filiale de CBS devenue Sony music).

Enregistré à Boulogne et Longueville, puis mixé à Londres, le premier album paraît à l’automne 1981 et la sortie du single se fait quasiment en même temps (3). C’est l’avant-dernière chanson, Le rapt, qui fait figure de favorite pour représenter ce premier album, que son auteur-compositeur interprète aurait voulu intituler Démodé, mais comment pouvait-il espérer que le service marketing accorde la parution d’un titre pareil à un débutant ? On préfèrera faire figurer, sur une pochette à dominante jaune pourvue de 4 photos différentes, son nom en capitales d’imprimerie : JEAN-JACQUES GOLDMAN…

Peut-on lui imaginer une destinée identique si Le rapt était sorti comme premier extrait de l’album ? Ce titre est finalement écarté au profit d'une autre idée très judicieuse venue du marketing : Il suffira va devenir le choix sans contestation comme premier single.

Il suffira tout d’abord de raccourcir ce titre au départ peu adapté au format radiophonique (5 minutes 50 dans sa version album) en lui ôtant un refrain et 2 couplets.

Il suffira aussi de lui adjoindre 3 mots entre parenthèses sur la pochette du single, car sur l’album, la chanson s’appelle Il suffira, et non il suffira (d’un signe).

L’ascension de ce titre vers les sommets des ventes ne sera pas des plus faciles : il suffira d’attendre un peu…



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(1) Emission TV « Le jeu de la chance », lointaine ancêtre de nos Star academy et autres The voice où des chanteurs débutants revenaient semaine après semaine en fonction des goûts des téléspectateurs. L’histoire est connue, mais pour la replacer dans son contexte, c’est en regardant cette émission que Marc Lumbroso remarquera une chanteuse, Anne Marie Batailler, qui apparaissait en présentant des chansons de Jean-Jacques Goldman.

(2) En 1994, Jean Mareska se souviendra que la première version d’Il suffira d’un signe était lente, sans le riff de guitare. En 2014, une bande démo du premier album refera surface sur un site de ventes aux enchères : elle partira pour 3500 euros et n’a, depuis, jamais reparu (on en a parlé ici : https://www.forum-labas.com/viewtopic.p ... =742874024)


(3) En septembre pour certaines sources et le 11 octobre selon d’autres, qui demandent toutes à être vérifiées.
Dernière modification par JJGérôme le lun. 27 avr. 2020, 21:38, modifié 11 fois.
JJGérôme
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Message par JJGérôme »

C’est par un riff de guitare insistant et mémorable (4) sur fond de grosse caisse que démarre ce titre dont personne encore ne peut savoir, fin 1981, qu’il va lancer durablement son interprète. Un timbre très haut perché (qu’il descendra de quelques tons par la suite) et un texte écrit à la fin des années 70. Laissons-lui la parole…

JJG : « Je pensais à l'Iran, c'était en 79-80 que j'ai dû l'écrire et c'était l'époque où le Shah d'Iran était encore au pouvoir et il y avait un Ayatollah dont on ne savait pas encore qui c'était... Khomeyni était en France et ce qui se passait en Iran était déjà tragique. C'était vraiment une vraie terreur et tout le monde attendait cet homme-là comme un messie, alors j'imaginais ces gens-là. Bon, ensuite l'histoire, une fois de plus, n'a pas été dans le sens de ce qu'ils espéraient, mais à ce moment-là, d'espoir où ce type viendra et puis il foulera notre pays et puis tout changera. C'était assez émouvant. » (Backstage, Europe2, mai 1995) (5)

Une vidéo promotionnelle est tournée avec le partenariat de RTL, sur un fond d’images de synthèse, alternant ombre chinoise et plans différents sur JJG qui effectue son play-back, guitare Gibson Les paul à la main. En 1981, cette vidéo que l’on n’appelle pas encore un clip ne sera que peu diffusée. Avec seulement 3 chaines de télévision sur le plan national (dont aucune n’a la moindre thématique musicale), c’est encore la période des balbutiements sur le plan de l’audiovisuel français et pour l’heure, la meilleure des promotions est encore de faire des apparitions télévisées.

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Il y a eu longtemps débat sur le premier passage télévisé de JJG en solo : je pense pouvoir affirmer que celui-ci remonte au jeudi 19 novembre 1981 (6.1). L’émission s’appelle Avis de recherche, elle est animée par Patrick Sabatier, qui n’est pas encore le « gros » présentateur qu’on a connu par la suite. Le programme existe en 2 formats : un long, diffusé le vendredi soir à 20h30 et un court, chaque fin d'après midi en semaine. C'est donc celui du jeudi où JJG est programmé parmi les pauses variété, et aux côtés de la chanteuse Nicoletta, Sabatier annonce : «Jean-Jacques Goldman, vous ne le connaissez pas ? On lui donne un coup de pouce, mais bientôt il n’en aura plus besoin ». Quelle inspiration ! (6.2)

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Voici donc à quoi ressemble JJG pour sa première télé, lui qui dira quelques années plus tard avoir trouvé dans l’empressement l’idée d’adjoindre une chemise et une cravate à un jean et des baskets, pour être plus présentable à la télé, et d’apprendre ensuite, avec stupéfaction, qu’il avait un look ! La voix est très haute, nous l’avons dit, mais sur le fond musical de la version studio, JJG chante peut-être avec un trac palpable… mais surtout, il chante en live. Ce sera la seule fois de l’année où on entendra sa vraie voix, car ses 3 autres passages connus en 1981 le verront apparaître en playback complet.

Par ordre d’apparition dans les images qui suivent, nous pouvons le voir en pull-over dans Les nouveaux rendez-vous, où l’animatrice Eve Ruggieri le présente « comme un jeune chanteur qui a beaucoup de talent et qui se fait confiance en composant et en arrangeant ses musiques » ; pas d'annonce en revanche dans l’émission suivante, Féminin présent, sur fond de gratte ciels artificiels.

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Finissons 1981 avec une émission caritative, Les petits papiers de Noel, où chaque artiste effectue son play-back en extérieur et recueille les promesses de dons pour l’Unicef. JJG connaît déjà ce programme pour y être apparu 6 ans plus tôt avec Tai Phong (7), et il effectue les collectes dans les rues de Chartres avec un pardessus rouge, annoncé au préalable et par erreur pour la chanson « Il suffira d’un geste »…

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Si cette promotion télévisée n’est pas vaine, elle ne porte pas encore totalement ses fruits. Les classements officiels de vente de disques n’existent pas encore et en attendant la création du Top 50 en 1984, c’est le hit-parade RTL qui mesure les tendances. Il suffira d’un signe y est classé, entre la 30ème et la 45ème place, loin encore du haut du tableau.

A l’image de la télévision, il y a encore peu de radios en France : les grandes ondes sont partagées par Europe 1, France Inter et RTL, tandis que le réseau FM, encore illégal, est squatté des débutants (tout cela va bientôt se démocratiser et se multiplier). RTL, justement, et sa directrice des programmes Monique Le Marcis, sera d’une aide précieuse puisqu’elle participera à la diffusion massive du titre, un geste que JJG n’oubliera pas, tout comme les efforts fournis par l’attaché de presse de sa maison de disques, Robert Toutan.


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(4) Le riff est très vraisemblablement joué par JJG ou Patrice Tison, crédités comme guitaristes sur l’album ; mais un bruit a souvent couru à ce sujet, prétendant que la guitare serait jouée par Norbert Krief, alias Nono de Trust. Je n’affirme rien sur ce qui n’est, jusqu’à preuve du contraire, qu’une rumeur que j’ai très souvent entendue et qui est certainement une confusion avec les apparitions ultérieures de Nono sur 3 autres morceaux de JJG (Minoritaire, Jeanine médicament blues et Compte pas sur moi)

(5) Il est assez étonnant que cette source d’inspiration ne se soit jamais retournée contre JJG, avec des propos qu’il serait facile de sortir de leur contexte presque 40 ans plus tard ; les exemples ne manquent pas, espérons que cela n’arrive pas.

(6.1) La date est connue depuis la parution, en 2018, de la biographie « Vivre sa vie » écrite par Frédéric Quinonero et elle peut être vérifiée sur des archives de programme TV en ligne (https://www.archives80.com/television/p ... 1-1981/tf1).

(6.2) Un reportage sur ce premier passage TV a été diffusé dans l'émission 50 minutes inside il y a quelques années, avec les souvenirs de Patrick Sabatier. Si quelqu'un a cette vidéo, qu'il me fasse un SIGNE :sourire: ...

(7) C’était en décembre 1975 à Toulouse. JJG fera 2 autres passages dans cette émission : en 1982 à Toul, avec le même pardessus rouge (et un képi emprunté à un gendarme local) et en 1984 à Libourne, où il manquera plusieurs fois de se faire attraper le blouson par des fans…

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Dernière modification par JJGérôme le lun. 27 avr. 2020, 21:22, modifié 14 fois.
JJGérôme
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Message par JJGérôme »

Un grand vent de changement souffle sur la télévision. L’arrivée de la gauche aux élections en mai 1981 a plus ou moins écarté du petit écran des têtes un peu trop rattachées aux pouvoirs en place des années précédentes. Parmi les symboles de ce ménage cathodique pas toujours justifié, Danièle Gilbert a été contrainte de céder la place qu’elle occupait depuis 1975 avec son programme de variétés, Midi Première (8), à Anne Sinclair pour une émission qui s’appelle Les visiteurs du jour (et qui, ironie du sort, ne durera pas davantage que jusqu’à la fin de la saison). Début janvier 1982, assis sur un tabouret, on entend à nouveau la voix live de JJG à la fin de cette émission (en prélude à une autre émission sur la chanson française diffusée le lendemain), et on le revoit, cette fois en playback complet, au milieu de ce même mois guitare en main dans un programme francophone, Chansons à la carte, sur la TV Belge.

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En février, la promotion va continuer en même temps que le phénomène va s’amplifier. Après un passage au festival de Monte-Carlo présenté par Patrick Sabatier, qui rappelle la venue précédente de JJG dans Avis de recherche et qui précise, face caméra, que « ça continue bien pour lui car vous achetez ses disques »...

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... mais c’est dans l’émission La nouvelle affiche que les choses se précisent un peu plus. Ce programme, enregistré à Cannes pour le Midem (marché international du disque) est co-animé par les vedettes confirmées du moment, qui font office de parrains de nouveaux talents ; autour de Francis Cabrel et Yves Duteil, c’est Laurent Voulzy qui présente JJG. Plus tard, celui-ci dira avoir ressenti un changement lors de l’accueil du public qui est un des premiers à le plébisciter ; la surprise du jeune chanteur, qui pendant quelques secondes semble lui-même ne pas y croire, est perceptible, pendant qu’en arrière-plan, Voulzy bat la mesure avec enthousiasme (9).

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Un passage dans l’émission dominicale de Jacques Martin est recensé à la fin du mois de février ; bien que plusieurs biographies en parlent (10), je n’ai jamais pu en trouver la moindre trace.

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(8) C’est dans cette émission que JJG a fait sa première apparition avec Tai Phong, en juillet 1975, pour un play-back de Sister Jane devant le château de Busset, dans l’Allier. Pas tellement dans le coup pour ce qui est des nouveautés, Danièle Gilbert les avait présentés comme un groupe de japonais, alors que seulement 2 de ses membres sont d’origine vietnamienne ; très exactement 2 ans plus tard, Taï Phong reviendra dans Midi première dans le sud de la France et avec une formation réduite à un trio (le batteur n'a pas pu faire le voyage et le clavier venait de quitter le groupe...)

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(9) C’est Monique Le Marcis qui est à l’origine du passage de JJG ; sur ce plateau, Yves Duteil dira bien connaître JJG pour avoir été, plus jeune, chez les scouts avec lui…

(10) Notamment Le vent de l’histoire d’Emmanuel Bonini ; il est toutefois possible que ce soit la vidéo promotionnelle qui ait été diffusée à la place d’une apparition télévisée, mais en l’absence de preuves rien ne permet de l’affirmer catégoriquement
Dernière modification par JJGérôme le lun. 27 avr. 2020, 21:46, modifié 8 fois.
JJGérôme
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Message par JJGérôme »

Mars 1982 : cela fait maintenant environ 6 mois qu’Il suffira d’un signe continue sa montée en puissance. Lente d’abord, nous avons vu comment elle s’est amplifiée. Au même moment, la maison de disques fait paraître un second single extrait du premier album, Quelque chose de bizarre. Le choix de sortir un second 45 tours plusieurs mois après le premier n’est pas incongru, mais il arrive au moment où les radios FM sont de plus en plus présentes et font à leur tour d’Il suffira d’un signe un morceau de plus en plus programmé, voire matraqué (11) et (12).

Parallèlement, JJG a été invité sur RTL dans La grande parade, présentée par Michel Drucker, et ce dernier va lui proposer un passage dans son émission télévisée de référence à l’époque : Champs Elysées. Cette apparition, considérée à tort autant par des biographies, des rétrospectives, et même par Drucker lui-même comme la première de JJG à la TV, n’est en fait que la 9ème parmi tout ce que j’ai pu recenser, mais c’est la première à une heure de très grande écoute, qui plus est un samedi soir, donc la meilleure vitrine pour un chanteur qui, dès lors, ne va plus être inconnu très longtemps.

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Selon JJG lui-même, c’est à la suite de ce moment-là que la demande chez les disquaires est devenue la plus forte. Un passage dont il ne pourra que se souvenir, émaillé d’un problème technique à cause de la bande play-back qui refusait de partir, obligeant Drucker à meubler cet aléa du direct (13).

Il suffira d’un signe culmine, selon l’IFOP, en 7ème position des ventes au mois de mai. Pas question de s’arrêter en si bon chemin, il faut occuper l’espace sur tous les styles de plateaux télévisés, de la foire exposition de Tours (on ne fait que l’apercevoir sur un passage de 20 secondes : casque sur les oreilles, il chante son tube du moment) à l’émission pour enfants Croque vacances.

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Toujours en mai, on peut noter 2 autres passages importants pour JJG. D’abord, sur le plateau d’Aujourd’hui la vie, pour ce qui semble être sa première interview télévisée (en présence d’une fan qui dit avoir autant d’admiration pour lui qu’elle en a eu 20 ans avant pour Claude François) : il évoque également son parcours musical depuis l’enfance, jusqu’à son premier tube, qu’il chante ensuite.

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Ensuite, il fait un retour triomphal à La nouvelle affiche ; après celle de Cannes en février, il est cette fois-ci en Lorraine, à Forbach et les parrains de l’émission sont Michel Berger et Daniel Balavoine (14).

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Histoire de boucler la boucle, il est invité sur une autre émission de Patrick Sabatier en juin, Transit, un programme qui, là encore, consacre son affiche aux talents en devenir. L’heure est aux premiers bilans, la chanson est devenue un tube, l’accueil du public est extrêmement chaleureux et à la fin de ce passage, JJG se souvient du passage à Avis de recherche comme étant la première émission qu’il avait faite.

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(11) JJG commence à venir parler un peu de lui sur certaines stations FM, notamment chez un débutant qui s’appelle Laurent Boyer. Pour l’anecdote, le futur présentateur de Fréquenstar rappellera en 2003 que JJG avait été un jour invité en compagnie de Gainsbourg ; et JJG de préciser qu’il s’était fait virer du studio par Gainsbourg, qui avait été bien plus sympa avec lui plus tard, quand il s’est mis à vendre beaucoup de disques !

(12) En mars 1982, le quotidien le Républicain lorrain informe ses lecteurs de la sortie d’un second extrait du 1er album, Pas l’indifférence. Une demi-erreur, car si ce titre sortira bien en single, il se retrouvera sur la face B de Quelque chose de bizarre, pour lequel JJG semble n’avoir fait qu’un seul passage télévisé (de date inconnue, sur le plateau local de Télé Monte Carlo).

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A cette même époque, un projet d’association avec Louis Chedid est évoqué dans la presse, sans plus de précisions : sans doute une idée abandonnée (Chedid et JJG partageaient la même maison de disques).

(13) Dans sa présentation, Drucker cite la maison de disques de JJG qui le présente comme « le fils de la chanson française et du rock’n’roll » ; il rappelle aussi que JJG était venu avec Tai Phong pour une autre de ses émissions, Les rendez-vous du dimanche ; c’était en décembre 1975.

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(14) Anecdote rapportée par Monique le Marcis : En coulisses, l’un aurait dit à l’autre que bientôt, JJG les dépasserait tous les 2.
Dernière modification par JJGérôme le lun. 27 avr. 2020, 22:02, modifié 5 fois.
JJGérôme
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Message par JJGérôme »

Il aura donc fallu pratiquement un an à JJG pour s’imposer avec une chanson. Attelé à prendre le temps nécessaire à la préparation de son retour pour l’automne 1982, il va connaitre lavec Quand la musique est bonne (et son second album) un accueil beaucoup plus rapide. En pleine promo pour ce nouveau titre, on le verra en décembre chanter Il suffira d’un signe sur le plateau de La vie à plein temps (un programme régional de FR3 Midi Pyrénées), où il essaie non sans mal de convaincre des gens du théâtre qu’il est aussi (voire plus) difficile pour un chanteur inconnu de trouver des fonds pour l’enregistrement d’un album que de débloquer un budget pour monter une pièce.

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En août 1983, il a déjà produit 2 autres tubes supplémentaires (Comme toi et Au bout de mes rêves) lorsqu’il vient chanter Il suffira d’un signe sur la scène du festival d’Antibes, devant un public et inexplicablement en playback orchestre… alors qu’un véritable orchestre de musicien se trouve juste derrière lui.

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En 1986 et 1987, JJG revient plusieurs fois dans un programme où, en 1982, il débutait : La nouvelle affiche. Bien entendu, il est cette fois-ci en haut de l’affiche et durant un de ces passages, il rechante son premier tube sur la bande orchestre originale, et il semble avoir un mal fou à s’y adapter (15), ce qui est l’occasion d’un acte manqué en direct ; cela reste heureusement pour lui un moment assez rare dans sa carrière.

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Terminons l'histoire des passages télévisés d'Il suffira d'un signe avec 2 apparitions pour ce titre dans les années 90.

La tournée avec Carole Frédéricks et Michael Jones remettra le morceau au goût du jour puisqu'il sera choisi pour une sortie en single pour promouvoir le premier album live du trio. Un nouveau clip est tourné et multi-diffusé, car il n’est pas question de revoir JJG chanter ce titre en télé autant qu’on pouvait le voir 10 ans auparavant… à l’exception de l’émission Taratata, alors toute nouvelle, pour laquelle JJ, Carole et Michael viendront combler la défection de dernière minute d’un autre invité. Il reviendra une ultime fois la chanter chez Nagui pour l’émission L’appel de la couette, cette fois-ci dans un inattendu duo avec Bryan Adams, très exactement 15 ans après la sortie d'Il sufffira d'un signe en single...

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(15) Alors qu'il ne la chante plus sur le même ton sur scène ; comme il l'a écrit sur le livret du cd Pluriel en 2000 : "En do mineur au lieu du ré d'origine. J'ai peut-être fini par muer"...
Dernière modification par JJGérôme le lun. 27 avr. 2020, 22:21, modifié 8 fois.
JJGérôme
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Message par JJGérôme »

ANNEXES

1. EN CONCERT

Il suffira d'un signe connaîtra les honneurs de la scène, apparaissant dans la setslist de chacune des tournées de JJG. Il restera fidèle à la version tronquée du single lorsque le morceau est interprété en entier, comme c'est le cas dès la fin de 1983 sur sa première mini tournée, sur laquelle apparaît déjà la conclusion en a capella.

Première variante en 1984 sur le Positif tour, où JJG s'accompagne seul à la guitare pour le 1er couplet et le refrain, avant d'être rejoint par les musiciens pour la suite.

La première version live que nous connaissons sera publiée fin 1986 dans l'album En public (enregistré aux Sables d'Olonne la même année et au Zénith de Paris en décembre 85) : comme évoqué précédemment, JJG est déjà descendu d'un ton, et il ne change rien au morceau, si ce n'est une petite interruption à la fin du refrain où l'on croit entendre un bruit de foudre : effet scénique ou réel problème climatique ? Pour sa tournée de 1988-89, Il suffira d'un signe est réduite à l'interprétation d'un couplet et du refrain dans un medley, entre Au bout de mes rêves et Envole-moi.

Pour la première tournée du trio en 1991, la version est classique dans sa forme, quoique bien plus pêchue ; elle apparaît en 3ème titre dans les concerts, puis lors du premier rappel sur la tournée Rouge, en 1994, avec effet de surprise garanti lorsque le refrain est interprété a capella par les choeurs de l'ex Armée rouge (cette version était, sur la tournée, reliée à la fin de Nuit par une sonnerie ; sur le CD du New Morning au Zénith sorti en 1995, seule l'intro avec la sonnerie a été conservée).

C'est encore pour le rappel qu'Il suffira d'un signe sera jouée en 1998, en duo avec Michael Jones et dans une version lente jusqu'à la fin du refrain ; elle sera réduite à l'interprétation du premier couplet sur la dernière tournée en 2002, coincée entre C'est pas vrai et la présentation des musiciens... Mais lorsque JJG reviendra sur la scène des Francofolies à l'été 2004, pour ce qui reste son dernier concert à ce jour, il la chantera en entier.

En marge des tournées, on peut également parler de 2 interprétations entièrement acoustiques par le trio sur RTL, l'une pour un concert impromptu du trio en février 1993, l'autre dans un studio 22 à Guéret, en Creuse, en 1995 ou 1996. Citons aussi une version électrique dans l'émission Top live d'Europe 1, diffusée pendant la promo de la sortie Du new Morning au Zénith et précédée par Nuit, comme pendant la tournée. A Ouveillan, en 1998, on a pu l'entendre dans une version identique à la tournée d'alors, mais avec les participations vocales de Patrick Bruel et Pascal Obispo;

Enfin, dans sa période "retraité", JJG est apparu dans un concert de Patrick Fiori pour une interprétation en duo (à Marseille, en 2009), avant de pouvoir la ré -entendre en acoustique pour l'édition du Casim, en 2013...

2. PRESSE

Quelques déclarations de JJG sur son morceau fétiche au fil des années :

-Novembre 1982 (Salut) :
« Avec la démarche que j'avais, une musique et des textes pareils, je m'attendais à plaire à trois pelés et un tondu. Je me suis retrouvé dans les hit-parades comme ça, à côté de gens plutôt connus, sans trop comprendre pourquoi. J'étais très étonné, mais je revendique complètement les chansons qui m'ont fait connaître, celle-ci ou "Quand la musique est bonne"

-Juin 1987 (Cool magazine) :
"Il suffira d'un signe", j'adore cette chanson. "Je te donne". C'est peut-être la chanson que j'ai le plus écoutée. Avant qu'elle sorte, je l'écoutais dix fois par jour. C'est peut-être aussi parce qu'il y a Michaël qui chante, je ne sais pas… Et "Je ne vous parlerai pas d'elle". Voilà les chansons que je réécoute avec plaisir et c'est à peu près les seules

- Juillet 1991 (RTL) :
Sur le premier album, j'avais fait des tas de chansons auxquelles je croyais pour être le premier simple qui allait marcher, et dont on n'a jamais entendu parler, et il y avait une chanson que j'avais faite pour me faire plaisir qui s'appelait "Il suffira d'un signe", qui n'avait aucune chance en 45 T parce qu'elle fait cinq ou six minutes sur l'album, et c'est celle qui a marché, et à partir de ce moment-là, je me suis dit qu'il fallait vraiment que je me fasse plaisir.

-Décembre 1994 (Paroles et publics) :
"Il suffira d'un signe" est une chanson que j'ai chantée à tous mes concerts, et dont je ne suis pas lassé

-Mai 1995 (Backstage) :
Y'a pas un soir où je n'ai pas commencé l'intro d'Il suffira d'un signe sans avoir le petit frisson. Ce qui arrive pas sur les autres chansons parce que, il y a des chansons où on est un peu fatigué, où on fait un peu automatiquement... Jamais sur celle-ci. Il y a une énergie.

-Février 1997 (Europe 2) :
Les chansons qui ont eu du succès comme "Quand la musique est bonne" ou "Comme toi" ou "Il suffira d'un signe", tu ne peux pas les toucher parce que les gens, finalement, les connaissent avec leurs défauts. (...) Comme certaines photos jaunies, ils les aiment jaunies ou comme certains vieux films, on ne les aime pas trop colorisés quand on les a vus en noir et blanc ou en muet.

-Octobre 1997 (Wit FM) :
Je sais que les deux qui me procurent le plus de joie quand je les joue, c'est "Il suffira d'un signe" et "Je te donne". C'est des chansons que j'aime bien.

-Décembre 2001 (TV Câble hebdo) :
Globalement, je dois le reconnaître, j'ai été très gâté. J'ai enregistré mon premier album en 1975 avec Taï Phong, on a décroché le gros lot tout de suite. Quand je décide de chanter en solo, mon premier single, c'est "Il suffira d'un signe". J'ai été quand même chanceux !

-Automne 2005 (Chorus) :
La maison de disques me disait "on n'abandonne pas parce qu'on vend quand même 1000 exemplaires par semaines, ça ne marche pas vraiment mais en même temps il se passe quelque chose"

3. REPRISES

On ne peut pas y échapper... Dans un premier temps, Il suffira d'un signe va être transposé en 2 versions anglaises, sorties en 1983 : une première chantée par JJG, Just a little sign, adaptée par Graham Lyle (1) ; puis une seconde, refaite par JJG lui-même avec un texte et un titre différent (Hold on tight) pour la chanteuse américaine Linda Singer (2)

Citons aussi, à titre anecdotique, les reprises sur les concerts des Enfoirés, mais aussi celles de Génération Goldman ou de Peter et Sloane… A défaut de pouvoir en passer certaines sous silence, on pourra toujours conclure en constatant, c'est bien connu, que les chansons sont souvent plus belles que ceux qui les chantent.

4. DISCOGRAPHIE

- en studio :

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- Version originale (5'50) :

Album Jean-Jacques Goldman (1981, 33 tours, K7, réédition CD ultérieure)

Maxi 33 tours hors-commerce avec en face B le remix de Quelque chose de bizarre (1982)

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- Version radio (4'20) :

45 tours avec Quel exil en face B (1981, avec 3 lettrages différents : blanc, rouge ou orange ; pochette espagnole avec photo différente et pressage canadien sans pochette)

Compilation Singulier (1996)

- Version anglaise : 45 tours Just a Little Sign, avec I won't talk about her en face B (1983)

- en live :

- En public (1986) ;

- Traces (1989) ;

- Sur Scène (1992) ; rééditée à l'identique (avec un fade-in) sur single et sur la compilation Pluriel (2000) ;

- Du New Morning au Zénith (1995) ;

- Tour 98 En Passant (1998) ;

- Un Tour Ensemble (2002).

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(1) JJG a posé sa voix sur la bande orchestre d'origine, mais il semble que les choeurs sont mixés différemment, un peu plus en avant ; en face B de ce single collector, toujours sur un texte en anglais de Graham Lyle, on retrouve Je ne vous parlerai pas d'elle, devenue I won't talk about her. Après une version espagnole de Comme toi la même année et 2 autres versions anglaises d'Envole-moi et Américain en 1984, JJG cessera ces tentatives d'exportation, aucune n'ayant rencontré le succès.

(2) La curiosité de cette version est dans le refrain, dont la ligne mélodique est complètement différente de la version d'origine, comme si JJG avait voulu réécrire une autre musique... à écouter ici : https://www.youtube.com/watch?v=s3NNq9pKlZA
Dernière modification par JJGérôme le lun. 27 avr. 2020, 23:30, modifié 24 fois.
droopy
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Message par droopy »

superbe boulot
fred0978
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Inscription : ven. 02 sept. 2016, 15:16
Localisation : Var

Message par fred0978 »

Bravo pour les recherches et cette chronologie millimétrée.

C'est impressionnant de voir qu'il aura fallu un an pour imposer la chanson, chose complètement impensable à notre époque ou tout doit etre immédiat et percutant.

Ma préférence va à la version de 91 que je trouve la plus énergique de toutes.
JJGérôme
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Message par JJGérôme »

fred0978 a écrit : C'est impressionnant de voir qu'il aura fallu un an pour imposer la chanson, chose complètement impensable à notre époque ou tout doit etre immédiat et percutant.
C'est vrai, et ton commentaire a été utile car ca m'a fait rajouter une déclatation de JJG sur la dernière partie (Chorus 2005) qui va dans le même sens de ce que tu écris


Merci pour vos commentaires

J ai trouvé ce tweet fait par un journaliste de RTL il y a quelques jours


Image

Qui confirme qu'Il suffira d'un signe était sorti en septembre

Et qui parle d'un passage dans la grande parade de Drucker le 13 avril 82, donc après Champs Elysées ? Chronologiquement il y a été invité avant... ou bien il y est retourné ensuite

En tout cas j'ai des doutes sur la photo, elle ne me semble pas cadrer avec la période de 1982, je la daterais davantage de la période 1985-86
ilyajjdmc
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Message par ilyajjdmc »

Quel boulot ! Je n'avais jamais vu autant de publications sur le forum en si peu de temps. Merciiiiiiiiiiiiiiiiiiii :bisou:
sweetmemories
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Message par sweetmemories »

Bravo, quel boulot .
- Version radio (4'20) : 45 tours avec Quel exil en face B (1981 - 2 lettrages différents : blanc ou rouge, et pochette espagnole avec photo différente) et compilation Singulier (1996)
A noter qu'il existe une version de la pochette avec le lettrage en Orange, puis une version Canada sans pochette.[/quote]
JJGérôme
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Message par JJGérôme »

sweetmemories a écrit :Bravo, quel boulot .
- Version radio (4'20) : 45 tours avec Quel exil en face B (1981 - 2 lettrages différents : blanc ou rouge, et pochette espagnole avec photo différente) et compilation Singulier (1996)
A noter qu'il existe une version de la pochette avec le lettrage en Orange, puis une version Canada sans pochette.
[/quote]

Yep, merci

J'ai rajouté ces 2 versions dans la discographie

Et j'ai modifié certaines petites choses sur le sujet global, notamment les photos hébergées dans le forum

Concernant la pochette avec lettrage orange, je ne l'ai jamais vue (ce qui ne veut pas dire que je ne crois pas à son existence)

En revanche, je pense que celle avec le lettrage blanc est la plus rare des 3 pochettes française. Lorsque je collectionnais les vinyles, j'avais eu la chance qu'une personne m'offre son exemplaire en état neuf, mais à chaque fois que je me rendais dans une foire aux disques, ou chez un disquaire, je ne l'ai quasiment jamais revue.

Comme l'exploitation commerciale du single s'est écoulée sur 10 mois, je me suis toujours demandé si le lettrage blanc n'était pas le premier pressage, et si ensuite, pour booster les ventes, on avait mis du rouge et du orange pour que les titres soient plus visibles dans les bacs ?
sweetmemories
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Message par sweetmemories »

Image

Voilà les 3 couleurs. Il s'agit peut etre d'un "Rouge" passé ?
De plus il existe un 45t Italie que je n'ai pas vu (?) dans ton post ?
En tous cas bravo
JJGérôme
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Message par JJGérôme »

sweetmemories a écrit :Image

Voilà les 3 couleurs. Il s'agit peut etre d'un "Rouge" passé ?
De plus il existe un 45t Italie que je n'ai pas vu (?) dans ton post ?
En tous cas bravo
C est super comme ca. Quand j étais collectionneur j ai du tomber plusieurs fois dessus sans m en rendre compte. J avoue que concernant les pressages étrangers je m y connais mal... mais c est aussi à ca que sert le forum, partager, echanger, compléter les infos

Merci
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MagR
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Message par MagR »

:frappe_mains: :sourire:

Whaou :)

super article ! bravo :)

Cela faisait longtemps que je n'étais pas passée sur le forum et oh surprise :) il y a plein de messages :)
c'est super :)
Puisque la vie nous sépare
Et nous entraîne loin de nous
Que les dieux vous gardent
Encore et encore
Vers d'autres rendez-vous
Oh mes amis mes frères
Que serions-nous sans nous
Des cœurs en hiver
Si seuls et moins forts
Et le manque de nous.
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